• STYLISTIQUE, subst. fém. et adj.
A. − LINGUISTIQUE
1. Subst. fém.
a) Vieilli. ,,Connaissance pratique des particularités caractéristiques d'une langue donnée et notamment des figures et idiotismes`` (MAR. Lex. 1951, p. 213);Le mot de stylistique est apparu vers le milieu du XIXe siècle en Allemagne. Il désigne alors des méthodes destinées à compléter l'étude grammaticale d'une langue par l'étude des locutions particulières (...). Un ouvrage toujours utilisé de nos jours, la Stylistique latine, de l'Allemand Berger, utilise le mot de stylistique dans le sens ainsi défini, auquel on pourrait substituer le mot de phraséologie (F. DELOFFRE, Styl. et poét. fr., 1970, pp. 10-11).
p. méton., rare, ouvrage traitant de ces particularités.
b) Discipline qui a pour objet le style, qui étudie les procédés littéraires, les modes de composition utilisés par tel auteur dans ses œuvres ou les traits expressifs propres à une langue (v. style1 II A). La tâche de la stylistique interne est (...), tout en se confinant dans la langue commune, de mettre à nu les germes du style (...): dans quelles conditions un type expressif employé par tout le monde peut-il se transformer en un procédé littéraire, reconnaissable à ces deux caractères: intention esthétique et marque individuelle? (BALLY, Lang. et vie, 1952, p. 61):
... de la rhétorique nous héritons une double définition de la stylistique: d'une part, une description des moyens stylistiques que la langue met à la disposition de l'écrivain (c'est la théorie des « figures »); d'autre part, des règles d'utilisation et de choix de ces figures en fonction de la situation linguistique (c'est la théorie des genres). (...) les modernes en ajoutent une troisième avec la notion de langue propre à l'écrivain. On a finalement trois stylistiques: descriptive, fonctionnelle, génétique.
GUIRAUD, Essais de styl., 1969, p. 27.
Stylistique comparée. Étude comparée des moyens d'expression propres à deux ou plusieurs langues. Quand on aura dégagé les lois qui régissent l'expression de la pensée française, il sera possible d'étudier les analogies ou les différences qui la rapprochent ou la séparent de celle de langues sœurs ou d'une autre famille. Ce sera la stylistique comparée (CRESSOT 1969, p. 6).
2. Adjectif
a) De style (v. style1 II A); qui concerne la façon de s'exprimer propre à telle personne et, en particulier, la manière idéale d'écrire. Lu le Bal du Comte d'Orgel (...). Extraordinaire sûreté de ce livre (...). La réussite est à peu près parfaite (en dépit d'incompréhensibles défaillances stylistiques (...)) (GIDE, Journal, 1933, p. 1149). Cette « Tentation » [de saint Antoine] (...) lui était [à Flaubert] comme un antidote intime opposé à l'ennui (...) d'écrire ses romans de mœurs modernes et d'élever des monuments stylistiques à la platitude provinciale et bourgeoise (VALERY, Variété V, 1944, p. 202).
− En partic. Qui appartient au contenu affectif, subjectif d'une expression, d'un texte. Effet stylistique; emploi stylistique d'un mot. Bachelard (...) montre que la valeur de mots tels que « mou », « gluant », « visqueux » transcende constamment leur signification (...). Il est ainsi de nombreux emplois métaphoriques, de nombreuses valeurs stylistiques derrière lesquels on doit chercher moins une image formelle objective qu'une expérience intime et intuitive (GUIRAUD ds Langage, 1968, p. 444).
− LEXICOGR. Indicateur/marque stylistique. Indication permettant de noter un certain niveau de langue. Les niveaux de langue ou marques stylistiques, par le nom même, indiquent qu'il existe une hiérarchie sociale, diagnostiquée par les comportements verbaux (J. et Cl. DUBOIS, Introd. à la lexicogr., Paris, Larousse, 1971, p. 37). Quand plusieurs indicateurs stylistiques sont nécessaires pour introduire un mot ou un sens, l'indicateur mélioratif ou péjoratif précède dans les articles du TLF l'indicateur de niveau de langue, lequel précède l'indicateur relatif à l'usage (G. GORCY ds Wörterbücher, t. 1, Berlin-New York, W. de Gruyter, 1989, p. 913, col. 1).
b) Relatif à la stylistique (supra A 1 b). Pour refuser à la stylistique littéraire le droit à l'existence, M. Croce allègue que toute création artistique procède d'une intuition synthétique; que cette intuition échappe à l'analyse stylistique (BALLY, ds Wörterbücher, t. 1, Berlin-New York, W. de Gruyter, 1989, p. 913, col. 1). Un premier type d'études stylistiques groupera les analyses des systèmes d'expression: 1o d'une langue (...); 2o d'un genre (...); 3o d'un écrivain (...) c'est l'objectif aussi bien de L. Spitzer que de G. Devoto ou de Ch. Bruneau (...). Un second type embrassera (...) les analyses d'un ou plusieurs procédés d'expression(G. ANTOINE ds R. de l'enseign. sup., t. 1, 1959, pp. 59-60).
B. − Domaine artist., peu fréq., adj. Relatif à un genre esthétique particulier. Kalgren a montré comment les décors animaux des pièces archaïques se sont transformés (...) en flamboyantes arabesques, et il a mis en relation les phénomènes d'évolution stylistique avec l'effondrement de la société féodale (LEVI-STRAUSS, Anthropol. struct., 1958, p. 293). En Gromaire nous avons un artiste complet, et dont la personnalité (...) dépasse (...) l'école, l'étape stylistique qui l'ont suscitée (CASSOU, Arts plast. contemp., 1960, p. 626).
REM. 1.
Stylisticien, -ienne, subst. Spécialiste de stylistique. Certains stylisticiens raisonnent comme si l'écrivain se plaçait devant la langue comme un organiste devant ses claviers (...). Une étude stylistique d'une œuvre devrait d'abord (...) définir les différents choix qu'impose le genre adopté (P. LARTHOMAS ds Fr. mod. t. 32 1964, p. 191).
2.
Stylistiquement, adv. D'une manière, d'un point de vue stylistique. La stylistique littéraire s'attache fondamentalement à l'œuvre d'art (...); l'écrivain, le groupe, l'époque sont des réalités secondes qui, de toute manière, ne peuvent être atteintes, stylistiquement, quand elles le peuvent, qu'à travers l'œuvre (A. HENRY, La Styl. littér. ds Fr. mod. t. 40 1972, p. 3).
Prononc.: [stilistik]. Étymol. et Hist. 1. 1872 « connaissance pratique des particularités caractéristiques d'une langue donnée et particulièrement des idiotismes » (LITTRE); 2. 1905 « étude scientifique des procédés de style que permet une langue » (BALLY, Précis de styl., Genève, pp. 7-; 1905 empl. adj. (ID., ibid., p. 15). Empr. à l'all. Stilistik (fin du XVIIIe s. d'apr. Duden Etymol.; Fr. mod. t. 21 1953, p. 49), dér. de Stil « style », de même orig. que le fr. style1*. Bbg. ANTOINE (G.). La Stylistique française... Paris, 1959, t. 1, pp. 39-60. − BALLY (C.). Traité de stylistique fr. Genève; Paris, 1951, t. 1, pp. 1-30. − BRUNEAU (Ch.). La Stylistique. Rom. Philol. 1951-52, t. 5, pp. 1-14. − CRESSOT (M.). Le Style et ses techn. Paris, 1969, pp. 1-11. − DELBOUILLE (P.). A propos de la déf. du fait de style. Cah. d'anal. text. 1960, t. 2, pp. 94-104; Les Art. style et stylistique dans les nouv. dict. fr. de ling. Cah. d'anal. textuelle. 1976, t. 18, pp. 7-37. − DELOFFRE (F.). Stylistique et poétique fr., Paris, 1970, pp. 7- 28. − DUPRIEZ (B.). L'Ét. des styles ou la commutation en litt. Paris, 1969, pp. 73-177. − GUIRAUD (P.). Essais de stylistique. Paris, 1969, 287 p; La Stylistique. Paris, 1967, 118 p. − HENRY (A.). La Stylistique litt. Essai de redéfinition. Fr. mod. 1972, t. 40, pp. 1-15. − LE HIR (Y.). Analyse styl. Paris, 1965, 300 p; Styles. Paris, 1972, 228 p. − Linguistics and literary history. Essays in stylistics. Princeton, 1948, 236 p. − LORIAN (A.). Stylistique 1970. R. Ling. rom. 1970, t. 34, pp. 113-122. − MAR. 1969, pp. 9-11. − MITTERAND (H.). La Stylistique. Fr. Monde. 1966, no 42, pp. 13-18. − MOUROT (J.). Stylistique des intentions et stylistique des effets. Cah. de l'Assoc. internat. des ét. fr. 1964, t. 16, pp. 71-79. − RIFFATERRE (M.). Essais de stylistique structurale. Paris, 1971, 365 p. − SEMPOUX (A.). Note sur l'hist. des mots style et stylistique. R. belge Philol. Hist. 1961, t. 39, pp. 736-746. − La Stylistique. Lang.fr. 1969, t. 3. − SUMPF (J.). Introd. à la stylistique du fr. Paris, 1971, pp. 28-29. − VANNESTE (A.). Du Style en ling. Trav. Ling. Gand. 1972, no 3, pp. 45-98.
http://www.cnrtl.fr/lexicographie/stylistique
Petite bibliographie : La langue du XVIIe siècle, Nathan, coll. 128.
D. Fontaine, La Poétique, Nathan, coll. 128, n°40.
Ducrot-Schaeffer.
L’étude stylistique est certes une étude formelle. Mais c’est aussi, on l’oublie bien souvent, une lecture herméneutique où domine le souci de la découverte d’un sens. Sans cela, quel intérêt ? Aussi, il faut considérer dans un texte la " forme-sens ".
Trois questions semblent résumer globalement la question. Les voici posées :
Qu’est-ce que la stylistique ? Qu’est-ce que le style ? Qu’est-ce qui relève du style, dans un texte ?
La mise à jour de la spécificité d’un texte par rapport au langage virtuel de la langue normale (" degré zéro " de l’écriture.).
La stylistique est hérités de la rhétorique. La première a toutefois une visée esthétique, quand la seconde est plutôt un art du discours. La stylistique a donc pour but de mettre à jour un système expressif, sans oublier toutefois de pratiquer une herméneutique à partir des conclusions qui en sont tirées.
Moyens :
I. Outils communs à tous les types de texte.
• La linguistique : 1la détermination (actualisation du subst.), 2la représentation (pronoms etc.), 3les mots outils, 4le verbe, 5la phrase.
• La poétique : théorie du discours. Qu’est-ce qui fait la littéralité du texte ? (cf. Nathan n°40)
• La rhétorique : l’art du discours efficace.
• La pragmatique, l’étude des actes de discours.
• La transtextualité : l’intertextualité (citations), le paratexte (titres, sous-titres, dates), l’architexte (tout ce qui apparente un texte à un genre. Hypertexte : transformation d’un texte en un autre.)
II. Outils spécifiques à chaque genre.
• Théâtre :
1. Relation actantielle.
2. Situation de communication (monologue, double énonciation...)
3. Distribution des répliques (tirades, stychomythies etc.)
4. Fonction et disposition du passage : exposition, dénouement.
5. Rôle de la rhétorique et de l’argumentation.
• Poésie
1. Versification
2. Forme fixe
3. Rôle des figures
4. Narrativité : ellipse ou asyndète, par exemple, dans la structure discursive. Un sens = plusieurs formes.
C’est en fait la manière dont un sens est véhiculé. C’est le choix d’un auteur sur une manière de s’exprimer. (Attention ! Une forme peut revêtir plusieurs sens : ironie, allégorie.)
Définition : C’est la combinaison du choix que tout discours doit opérer par rapport à un certain nombre de disponibilités contenues dans la langue et les variations du choix par rapport à ses disponibilités.
Ces disponibilités peuvent se diviser en sous-codes. Ex : registres de langue. Les variations sont les écarts, d’un texte par exemple, par rapport à une " norme " (cette base " neutre ", le degré zéro de l’écriture, n’existant pas) : c’est la possibilité de " marquer " la particularité d’une forme en l’employant ou non. Ex : variation qualitative, anaphore. Variation quantitative, ellipse.
Même le sens lexical est susceptible d’une variation stylistique : dans le dictionnaire, il est déjà actualisé.
Finalement, tout relève de la stylistique : structure phrastique, transphrastique... Sauf le schéma actanciel. Cela dit, les traces des actants sont à relever : pronoms, forme passive, pronominale, impersonnelle, factitive etc. • Les figures
• La prosodie
• L’organisation (syntaxique, discursive)
• L’énonciation (et la forme qu’elle prend. Ex : argumentatif, narratif etc.)
• Le vocabulaire
• Le point de vue (qui voit ?)
Plan possible dans un devoir :
I. L’énoncé
• Phono-graphologique.
• Syntaxique
• Sémantique
II. L’énonciation
• Relations entre actants (traces)
• Les différents types de discours
• La modalité (seulement si première personne) : verbes, adverbes, adjectifs etc.
L’approche du texte
A. La première question à se poser concerne le genre et l’intention du texte. Pour ce dernier point, se reporter aux fonctions de Jakobson.
Il faut tenter pour cela de définir la tonalité du passage : réaliste, fantastique, comique, épique etc. Le texte a vocation de produire un effet. De là, on peut s’attaquer au problème du type de texte que l’on a entre les mains : quel est l’architexte ?
B.Qui parle ? Qui voit ? Quand ? A qui ? De quoi ? Et surtout : comment ? Avec quelles intentions perlocutoires ?
12 Décembre 1997
S’interroger sur les éléments du texte qui peuvent se contredire peut être une approche intéressante. On peut éventuellement s’intéresser aussi sur le processus de la lecture.
Lors de la rédaction, il est important de faire apparaître les titres, littéraires ou linguistiques. Deux démarches d’analyses sont possibles :
• de la forme au sens, et ainsi penser à l’interprétation.
• de l’effet de sens aux éléments du texte, l’effet inverse du précédent. On part des idées principales dégagées dans le plan et on en rapproche les phénomène linguistiques.
Du Bellay, Les antiquités de Rome, 1558.
Contient une description générale de la grandeur et comme une déploration de sa ruine.
Dans quelle intention
Pourquoi
Sous quelle forme
Tonalité Quand
Qui parle
A qui
De quoi
1558 : deuxième moitié du XVIe siècle, plein épanouissement de la Renaissance.
A la lecture : diérèse, synérèse. Locuteur absent, aucune marque de l’énonciation, pas de " je ", pas de " maintenant ". Pas de destinataire apparent non plus. Pas de marques de discours : on s’adresse au lecteur dans sa plus grande généralité. Thème connu : gloire et décadence de Rome.
Analyse : poème descriptif à visée argumentative : genre démonstratif, but rhétorique, avec une tendance à l’épidictique (éloge, emphase).
C’est un texte où il faut relever les différents faits d’expression, les répétitions. Dans la poésie, Ronsard est un écrivain qui a beaucoup utilisé l’argumentatif. L’éloge ou le blâme sont les figures qu’il emploie dans sa lyrique amoureuse, mais il se passe des arguments du logos proprement dit.
Faits d’expression : répétitions (anaphore, tautologie : répète le même mot avec le même sens. Polyptote : utilisation de deux mots de la même famille). Emphase. Rimes banales (deux infinitifs du même groupe). Paronomase : presque homophonie. Diaphore. Syllepse.
http://bouche-a-oreille.pagesperso-orange.fr/grammaire/coursstylistique.htm
A. − LINGUISTIQUE
1. Subst. fém.
a) Vieilli. ,,Connaissance pratique des particularités caractéristiques d'une langue donnée et notamment des figures et idiotismes`` (MAR. Lex. 1951, p. 213);Le mot de stylistique est apparu vers le milieu du XIXe siècle en Allemagne. Il désigne alors des méthodes destinées à compléter l'étude grammaticale d'une langue par l'étude des locutions particulières (...). Un ouvrage toujours utilisé de nos jours, la Stylistique latine, de l'Allemand Berger, utilise le mot de stylistique dans le sens ainsi défini, auquel on pourrait substituer le mot de phraséologie (F. DELOFFRE, Styl. et poét. fr., 1970, pp. 10-11).
p. méton., rare, ouvrage traitant de ces particularités.
b) Discipline qui a pour objet le style, qui étudie les procédés littéraires, les modes de composition utilisés par tel auteur dans ses œuvres ou les traits expressifs propres à une langue (v. style1 II A). La tâche de la stylistique interne est (...), tout en se confinant dans la langue commune, de mettre à nu les germes du style (...): dans quelles conditions un type expressif employé par tout le monde peut-il se transformer en un procédé littéraire, reconnaissable à ces deux caractères: intention esthétique et marque individuelle? (BALLY, Lang. et vie, 1952, p. 61):
... de la rhétorique nous héritons une double définition de la stylistique: d'une part, une description des moyens stylistiques que la langue met à la disposition de l'écrivain (c'est la théorie des « figures »); d'autre part, des règles d'utilisation et de choix de ces figures en fonction de la situation linguistique (c'est la théorie des genres). (...) les modernes en ajoutent une troisième avec la notion de langue propre à l'écrivain. On a finalement trois stylistiques: descriptive, fonctionnelle, génétique.
GUIRAUD, Essais de styl., 1969, p. 27.
Stylistique comparée. Étude comparée des moyens d'expression propres à deux ou plusieurs langues. Quand on aura dégagé les lois qui régissent l'expression de la pensée française, il sera possible d'étudier les analogies ou les différences qui la rapprochent ou la séparent de celle de langues sœurs ou d'une autre famille. Ce sera la stylistique comparée (CRESSOT 1969, p. 6).
2. Adjectif
a) De style (v. style1 II A); qui concerne la façon de s'exprimer propre à telle personne et, en particulier, la manière idéale d'écrire. Lu le Bal du Comte d'Orgel (...). Extraordinaire sûreté de ce livre (...). La réussite est à peu près parfaite (en dépit d'incompréhensibles défaillances stylistiques (...)) (GIDE, Journal, 1933, p. 1149). Cette « Tentation » [de saint Antoine] (...) lui était [à Flaubert] comme un antidote intime opposé à l'ennui (...) d'écrire ses romans de mœurs modernes et d'élever des monuments stylistiques à la platitude provinciale et bourgeoise (VALERY, Variété V, 1944, p. 202).
− En partic. Qui appartient au contenu affectif, subjectif d'une expression, d'un texte. Effet stylistique; emploi stylistique d'un mot. Bachelard (...) montre que la valeur de mots tels que « mou », « gluant », « visqueux » transcende constamment leur signification (...). Il est ainsi de nombreux emplois métaphoriques, de nombreuses valeurs stylistiques derrière lesquels on doit chercher moins une image formelle objective qu'une expérience intime et intuitive (GUIRAUD ds Langage, 1968, p. 444).
− LEXICOGR. Indicateur/marque stylistique. Indication permettant de noter un certain niveau de langue. Les niveaux de langue ou marques stylistiques, par le nom même, indiquent qu'il existe une hiérarchie sociale, diagnostiquée par les comportements verbaux (J. et Cl. DUBOIS, Introd. à la lexicogr., Paris, Larousse, 1971, p. 37). Quand plusieurs indicateurs stylistiques sont nécessaires pour introduire un mot ou un sens, l'indicateur mélioratif ou péjoratif précède dans les articles du TLF l'indicateur de niveau de langue, lequel précède l'indicateur relatif à l'usage (G. GORCY ds Wörterbücher, t. 1, Berlin-New York, W. de Gruyter, 1989, p. 913, col. 1).
b) Relatif à la stylistique (supra A 1 b). Pour refuser à la stylistique littéraire le droit à l'existence, M. Croce allègue que toute création artistique procède d'une intuition synthétique; que cette intuition échappe à l'analyse stylistique (BALLY, ds Wörterbücher, t. 1, Berlin-New York, W. de Gruyter, 1989, p. 913, col. 1). Un premier type d'études stylistiques groupera les analyses des systèmes d'expression: 1o d'une langue (...); 2o d'un genre (...); 3o d'un écrivain (...) c'est l'objectif aussi bien de L. Spitzer que de G. Devoto ou de Ch. Bruneau (...). Un second type embrassera (...) les analyses d'un ou plusieurs procédés d'expression(G. ANTOINE ds R. de l'enseign. sup., t. 1, 1959, pp. 59-60).
B. − Domaine artist., peu fréq., adj. Relatif à un genre esthétique particulier. Kalgren a montré comment les décors animaux des pièces archaïques se sont transformés (...) en flamboyantes arabesques, et il a mis en relation les phénomènes d'évolution stylistique avec l'effondrement de la société féodale (LEVI-STRAUSS, Anthropol. struct., 1958, p. 293). En Gromaire nous avons un artiste complet, et dont la personnalité (...) dépasse (...) l'école, l'étape stylistique qui l'ont suscitée (CASSOU, Arts plast. contemp., 1960, p. 626).
REM. 1.
Stylisticien, -ienne, subst. Spécialiste de stylistique. Certains stylisticiens raisonnent comme si l'écrivain se plaçait devant la langue comme un organiste devant ses claviers (...). Une étude stylistique d'une œuvre devrait d'abord (...) définir les différents choix qu'impose le genre adopté (P. LARTHOMAS ds Fr. mod. t. 32 1964, p. 191).
2.
Stylistiquement, adv. D'une manière, d'un point de vue stylistique. La stylistique littéraire s'attache fondamentalement à l'œuvre d'art (...); l'écrivain, le groupe, l'époque sont des réalités secondes qui, de toute manière, ne peuvent être atteintes, stylistiquement, quand elles le peuvent, qu'à travers l'œuvre (A. HENRY, La Styl. littér. ds Fr. mod. t. 40 1972, p. 3).
Prononc.: [stilistik]. Étymol. et Hist. 1. 1872 « connaissance pratique des particularités caractéristiques d'une langue donnée et particulièrement des idiotismes » (LITTRE); 2. 1905 « étude scientifique des procédés de style que permet une langue » (BALLY, Précis de styl., Genève, pp. 7-; 1905 empl. adj. (ID., ibid., p. 15). Empr. à l'all. Stilistik (fin du XVIIIe s. d'apr. Duden Etymol.; Fr. mod. t. 21 1953, p. 49), dér. de Stil « style », de même orig. que le fr. style1*. Bbg. ANTOINE (G.). La Stylistique française... Paris, 1959, t. 1, pp. 39-60. − BALLY (C.). Traité de stylistique fr. Genève; Paris, 1951, t. 1, pp. 1-30. − BRUNEAU (Ch.). La Stylistique. Rom. Philol. 1951-52, t. 5, pp. 1-14. − CRESSOT (M.). Le Style et ses techn. Paris, 1969, pp. 1-11. − DELBOUILLE (P.). A propos de la déf. du fait de style. Cah. d'anal. text. 1960, t. 2, pp. 94-104; Les Art. style et stylistique dans les nouv. dict. fr. de ling. Cah. d'anal. textuelle. 1976, t. 18, pp. 7-37. − DELOFFRE (F.). Stylistique et poétique fr., Paris, 1970, pp. 7- 28. − DUPRIEZ (B.). L'Ét. des styles ou la commutation en litt. Paris, 1969, pp. 73-177. − GUIRAUD (P.). Essais de stylistique. Paris, 1969, 287 p; La Stylistique. Paris, 1967, 118 p. − HENRY (A.). La Stylistique litt. Essai de redéfinition. Fr. mod. 1972, t. 40, pp. 1-15. − LE HIR (Y.). Analyse styl. Paris, 1965, 300 p; Styles. Paris, 1972, 228 p. − Linguistics and literary history. Essays in stylistics. Princeton, 1948, 236 p. − LORIAN (A.). Stylistique 1970. R. Ling. rom. 1970, t. 34, pp. 113-122. − MAR. 1969, pp. 9-11. − MITTERAND (H.). La Stylistique. Fr. Monde. 1966, no 42, pp. 13-18. − MOUROT (J.). Stylistique des intentions et stylistique des effets. Cah. de l'Assoc. internat. des ét. fr. 1964, t. 16, pp. 71-79. − RIFFATERRE (M.). Essais de stylistique structurale. Paris, 1971, 365 p. − SEMPOUX (A.). Note sur l'hist. des mots style et stylistique. R. belge Philol. Hist. 1961, t. 39, pp. 736-746. − La Stylistique. Lang.fr. 1969, t. 3. − SUMPF (J.). Introd. à la stylistique du fr. Paris, 1971, pp. 28-29. − VANNESTE (A.). Du Style en ling. Trav. Ling. Gand. 1972, no 3, pp. 45-98.
http://www.cnrtl.fr/lexicographie/stylistique
Petite bibliographie : La langue du XVIIe siècle, Nathan, coll. 128.
D. Fontaine, La Poétique, Nathan, coll. 128, n°40.
Ducrot-Schaeffer.
L’étude stylistique est certes une étude formelle. Mais c’est aussi, on l’oublie bien souvent, une lecture herméneutique où domine le souci de la découverte d’un sens. Sans cela, quel intérêt ? Aussi, il faut considérer dans un texte la " forme-sens ".
Trois questions semblent résumer globalement la question. Les voici posées :
Qu’est-ce que la stylistique ? Qu’est-ce que le style ? Qu’est-ce qui relève du style, dans un texte ?
La mise à jour de la spécificité d’un texte par rapport au langage virtuel de la langue normale (" degré zéro " de l’écriture.).
La stylistique est hérités de la rhétorique. La première a toutefois une visée esthétique, quand la seconde est plutôt un art du discours. La stylistique a donc pour but de mettre à jour un système expressif, sans oublier toutefois de pratiquer une herméneutique à partir des conclusions qui en sont tirées.
Moyens :
I. Outils communs à tous les types de texte.
• La linguistique : 1la détermination (actualisation du subst.), 2la représentation (pronoms etc.), 3les mots outils, 4le verbe, 5la phrase.
• La poétique : théorie du discours. Qu’est-ce qui fait la littéralité du texte ? (cf. Nathan n°40)
• La rhétorique : l’art du discours efficace.
• La pragmatique, l’étude des actes de discours.
• La transtextualité : l’intertextualité (citations), le paratexte (titres, sous-titres, dates), l’architexte (tout ce qui apparente un texte à un genre. Hypertexte : transformation d’un texte en un autre.)
II. Outils spécifiques à chaque genre.
• Théâtre :
1. Relation actantielle.
2. Situation de communication (monologue, double énonciation...)
3. Distribution des répliques (tirades, stychomythies etc.)
4. Fonction et disposition du passage : exposition, dénouement.
5. Rôle de la rhétorique et de l’argumentation.
• Poésie
1. Versification
2. Forme fixe
3. Rôle des figures
4. Narrativité : ellipse ou asyndète, par exemple, dans la structure discursive. Un sens = plusieurs formes.
C’est en fait la manière dont un sens est véhiculé. C’est le choix d’un auteur sur une manière de s’exprimer. (Attention ! Une forme peut revêtir plusieurs sens : ironie, allégorie.)
Définition : C’est la combinaison du choix que tout discours doit opérer par rapport à un certain nombre de disponibilités contenues dans la langue et les variations du choix par rapport à ses disponibilités.
Ces disponibilités peuvent se diviser en sous-codes. Ex : registres de langue. Les variations sont les écarts, d’un texte par exemple, par rapport à une " norme " (cette base " neutre ", le degré zéro de l’écriture, n’existant pas) : c’est la possibilité de " marquer " la particularité d’une forme en l’employant ou non. Ex : variation qualitative, anaphore. Variation quantitative, ellipse.
Même le sens lexical est susceptible d’une variation stylistique : dans le dictionnaire, il est déjà actualisé.
Finalement, tout relève de la stylistique : structure phrastique, transphrastique... Sauf le schéma actanciel. Cela dit, les traces des actants sont à relever : pronoms, forme passive, pronominale, impersonnelle, factitive etc. • Les figures
• La prosodie
• L’organisation (syntaxique, discursive)
• L’énonciation (et la forme qu’elle prend. Ex : argumentatif, narratif etc.)
• Le vocabulaire
• Le point de vue (qui voit ?)
Plan possible dans un devoir :
I. L’énoncé
• Phono-graphologique.
• Syntaxique
• Sémantique
II. L’énonciation
• Relations entre actants (traces)
• Les différents types de discours
• La modalité (seulement si première personne) : verbes, adverbes, adjectifs etc.
L’approche du texte
A. La première question à se poser concerne le genre et l’intention du texte. Pour ce dernier point, se reporter aux fonctions de Jakobson.
Il faut tenter pour cela de définir la tonalité du passage : réaliste, fantastique, comique, épique etc. Le texte a vocation de produire un effet. De là, on peut s’attaquer au problème du type de texte que l’on a entre les mains : quel est l’architexte ?
B.Qui parle ? Qui voit ? Quand ? A qui ? De quoi ? Et surtout : comment ? Avec quelles intentions perlocutoires ?
12 Décembre 1997
S’interroger sur les éléments du texte qui peuvent se contredire peut être une approche intéressante. On peut éventuellement s’intéresser aussi sur le processus de la lecture.
Lors de la rédaction, il est important de faire apparaître les titres, littéraires ou linguistiques. Deux démarches d’analyses sont possibles :
• de la forme au sens, et ainsi penser à l’interprétation.
• de l’effet de sens aux éléments du texte, l’effet inverse du précédent. On part des idées principales dégagées dans le plan et on en rapproche les phénomène linguistiques.
Du Bellay, Les antiquités de Rome, 1558.
Contient une description générale de la grandeur et comme une déploration de sa ruine.
Dans quelle intention
Pourquoi
Sous quelle forme
Tonalité Quand
Qui parle
A qui
De quoi
1558 : deuxième moitié du XVIe siècle, plein épanouissement de la Renaissance.
A la lecture : diérèse, synérèse. Locuteur absent, aucune marque de l’énonciation, pas de " je ", pas de " maintenant ". Pas de destinataire apparent non plus. Pas de marques de discours : on s’adresse au lecteur dans sa plus grande généralité. Thème connu : gloire et décadence de Rome.
Analyse : poème descriptif à visée argumentative : genre démonstratif, but rhétorique, avec une tendance à l’épidictique (éloge, emphase).
C’est un texte où il faut relever les différents faits d’expression, les répétitions. Dans la poésie, Ronsard est un écrivain qui a beaucoup utilisé l’argumentatif. L’éloge ou le blâme sont les figures qu’il emploie dans sa lyrique amoureuse, mais il se passe des arguments du logos proprement dit.
Faits d’expression : répétitions (anaphore, tautologie : répète le même mot avec le même sens. Polyptote : utilisation de deux mots de la même famille). Emphase. Rimes banales (deux infinitifs du même groupe). Paronomase : presque homophonie. Diaphore. Syllepse.
http://bouche-a-oreille.pagesperso-orange.fr/grammaire/coursstylistique.htm