BENACER BEN CHOHRA BEN FERHAT (1804-1884) LE RESISTANT EMERITE
Membre de la tribu des Ouleds Aissa Ben Ali affiliée aux Maamra et El
Hadjadj, qui sont eux-mêmes rattachées à la mythique tribu des Larbaas,
Benacer Ben Chohra Ben Ferhat naquit en 1804 à Mekhareg. Très jeune il
se distingua par des qualités de chef et de cavalier émérite, son
courage et sa bravoure lui conférèrent auprès de ses pairs et même de
ses ennemis le caractère et le Pedigree d’un très grand guerrier. Il
débuta son combat en 1841 contre le colonisateur et fut arrêté à Mojbara
dans la région de Médéa, où il sera emprisonné à la prison de Boghar
qu'il quittera quelques jours plus tard après une évasion des plus
spectaculaires le 05 septembre 1851 en éliminant et dépossédant de leurs
armes plusieurs gardiens armés jusqu’aux dents. Il se maria une
première fois avec la fille du Khalifa de Laghouat Bensalem Ahmed qui
lui donna une fille dont il divorça rapidement pour deux raisons
essentielles, la première en rapport avec le refus de cette dernière de
l’accompagner dans les profondeurs du Sahara où il avait décidé d’aller
faire la guerre aux Français après la prise de Laghouat le 4 décembre
1852 et la seconde pour se démarquer définitivement d’un gendre devenu
encombrant et qui avait de surcroit vendu son âme à l’ennemi en
collaborant honteusement avec lui. De par les traditions nomades de sa
tribu il avait très jeune appris à connaître les profondeurs et les
méandres de la steppe et du Sahara, s’imprégnant de tous les repères y
afférents à ces paysages sans limites qui lui serviront bien plus tard
dans son périple guerrier contre l’occupant français, la solidarité des
citadins et des tribus nomades étaient son crédo et cri de ralliement
qu’il a su vaillement inculquer aux autochtones et ce, pour
contrecarrer la main mise des français et leurs félons sur les richesses
du pays. Il n’y a pas un coin de cet espace infini où il n’a pas engagé
le combat contre l’armée française poussant maintes fois
l’outrecuidance jusqu’à déshabiller les soldats français, leurs gradés
et leurs supplétifs en les dépossédant de leurs armes. En 1851, lorsque
les habitants de Laghouat conscients de l’imminence de l’assaut que
l’ennemie s’apprêtait à lancer contre leur ville préparaient stoïquement
et dans la sérénité la résistance, ils envoyèrent une délégation
composée des sages de la ville solliciter de Benacer Ben Chohra fabuleux
combattant et fin tacticien à la fois de venir organiser la bataille,
ils le chargèrent pareillement de se mettre en contact avec Med Cherif
Ben abdallâh pour qu’il vienne lui aussi apporter son aide et son
expérience, ce dernier honoré par cette sollicitation accepta de
rejoindre le valeureux Benacer Ben Chohra à qui il vouait une
admiration sans bornes à Ksar El Hirane. Benacer Ben Chohra organisera
en 1851, une autre rencontre à CHEBKA prés de Berriane entre Yahia
Ben-Maamar BENSALEM l’autre héros méconnu et oublié de l’histoire et le
Khalifa de Djelfa Cherif Ben Lahrèche qui sera désigné bien plus tard
Agha des Ouleds Nails par le colonisateur en vue de coordonner la lutte
Contre l’occupant , une entrevue qui capota par la faute du Cherif Ben
Lahrèche qui ne daigna pas répondre à l’appel ni justifier toutefois son
absence à une réunion des plus capitale. Le 31 juillet 1852 Benacer
Ben Chohra s’attèlera à la fortification de Ksar El Hirane en prévision
de l’imminence des combats cogitant sur les moyens appropriés pour la
défense de la ville de Laghouat qui s’apprêtait à subir le plus grand
assaut d’une armée constituée de plus de 8.000 soldats et de mercenaires
surarmés soutenue dans sa sale besogne par des supplétifs algériens
dirigés par Ben Hamza des Ouleds Sidi Cheikh. Benacer Ben Chohra
s'acharnera comme à son habitude à défendre vaillamment la ville de
Laghouat et ses Ksours mais l’utilisation à profusion par l’armée
française de l’armement chimique et des lances flammes basculera dans
l’horreur et le génocide l’issue d’un combat disproportionné en tout
point de vue. Après la chute retentissante de Laghouat et le génocide
perpétré contre ses habitants par la soldatesque française, Il
rejoignit le chérif Mohamed Ben Abdallah à Rouissat (Ouargla) et agit en
coordination avec lui pour unifier la Résistance avec comme devise «
Il faut nous compter, nous grouper, pour agir mieux ensuite ». Le but
suprême était la résistance à l’occupant qui a généré une union sacrée
née spontanément de l’initiative des patriotes algériens sans pouvoir
souvent définir la tribu, la tendance, desquels ils se réclamaient.
Conscients de leur bravoure sans limite, ils unirent leurs forces contre
l’occupation car ils ne pouvaient en l’état des choses accepter ni la
capitulation ni la reddition. La Résistance sous sa houlette des années
durant s’est renforcée au prix d’efforts considérables. Benacer Ben
Chohra devient ainsi le Chef incontesté de la Résistance intérieure il
se chargea de mettre sur pied une guérilla dont la mission nodale était :
« Organiser la lutte contre les Français, leurs alliés et leurs
complices, par tous les moyens et quel que soit le visage dont il se
parait. » Il livrera plusieurs batailles oniriques à Nakoussa, Brezina
et Rouissat où blessé il se fera soigné aux environs d’Oued Ghir. C’est
lors de son séjour à Ouargla qu’il épousa Yakout la fille du Khalifa
d’Ouargla (de Mekhadma) qui lui donnera deux fils Yahia et Mohamed. Son
fils cadet Mohamed rentrera de Syrie où il avait suivi son père dans
tous ses périples guerriers, pour combattre les colons aux cotés des
Senouci à Tripoli, où il sera enterré en 1912. Après le décès de sa
femme Yakout Benacer Ben Chohra épousera Zhour la sœur de Si Moulay
Abdelkader Drissi qui lui donnera trois filles et deux garçons Yahia et
Ferhat qui décédera à Laghouat après son retour de Syrie, il laissa une
fille prénommée Zohra qui est la veuve de Hadj Kaddour Benlahbib décédé
en 1970 quant à son autre fils Yahia il décédera à Laghouat lui aussi
après son retour de Syrie. Benacer Ben Chohra le valeureux combattant
méconnu puisqu’il n’a jamais eu les honneurs de la une des livres
d’histoire est un génie militaire, astucieux en politique de plusieurs
façons, qui a mené sans répit contre l’occupant français une résistance
NON STOP de plus de 33 années faite de vie précaire et dangereuse mais
avec une volonté de fer, animé par son amour de la Patrie et de la
Liberté, pour atteindre l’objectif qu’il s’était fixé: Unir et engager
dans le combat pour la Libération des forces de l’Algérie, toutes les
forces de la Résistance intérieure et ce, Jusqu’à son exil forcé au
Liban puis en Syrie où il rejoignit l’Emir Aek à qui il proposa de
reprendre le combat pour libérer le pays du joug du colonisateur, mais
ce dernier refusera la proposition de Benacer BEN Chohra alléguant avoir
signé un traité avec les Français( sic) . Ensuite, Il se réfugia à
TOZEUR et NAFTA dans le Djérid tunisien où il sera l’hôte du chef de la
Zaouïa Rahmania qui accueillait tous les combattants et résistants
algériens. A travers toute la Tunisie, où il noua des contacts avec des
réfugiés algériens, avec lesquels il organisait des incursions en
territoire algérien contre les tribus collaboratrices avec l’ennemi et
les soldats français et leurs troupes qui furent harcelés et battues
sans cesse. Ses actions soutenues par Med Boualeg Yakoubit et Aissa
finirent par provoquer le courroux du Bey de Tunis qui ordonna à ses
représentants d’arrêter ces deux dirigeants et mettre fin à leurs
actions belliqueuses récurrentes qui pourraient le cas échéant attirer à
son pays les foudres de guerre de l’armée française. Déçu par ce geste
lâche et inapproprié Benacer Ben Chohra écrivit au Bey de Tunis une
lettre très courroucée lui demandant d’accorder plus d’intérêts à la
cause algérienne « nous sommes au service de Dieu et de son prophète
Mohamed que le salut soit sur lui nous ne manquons pas d’honneur dans
notre pays nous servons notre religion ce qui prouve que c’est bien la
foi et le patriotisme sincère qui nous guident dans notre combat contre
les oppresseurs ». Lorsque la résistance des Ouleds Sidi Cheikh fut
déclenchée en 1864, Benacer Ben Chohra retourna en Algérie, entra à
Ouargla, prit contact avec Si Laala et participa avec lui à de
nombreuses batailles victorieuses, ils s’associèrent et se constituèrent
une armée de 1.500 cavaliers qui accrocha pendant plusieurs jours
l’armée Française dans la dure bataille de Taguine le 6 août. Les deux
hommes déplacèrent leur armée qui comprenait les cavaliers des Ouleds
Sidi Cheikh et les Larbaâs des Ouleds Aïssa au Sud de Brezina pour
rencontrer Sidi El hadj Eddine de la Saoura pour faire jonction avec son
détachement mais l’armée coloniale aidée par des supplétifs et des
renégats algériens plus puissante en hommes et en armes les coupa de
leurs arrières et de leurs bases d’approvisionnements. Et lorsqu’éclata
la deuxième révolte des Ouleds Sidi Cheikh sous la conduite du Cheikh
Bouamama, Benacer Ben Chohra faisant fi des risques encourus (sa tête
était mise à prix) les rejoignit en passant au nez et à la barbes des
soldats français auxquels il fera des misères en passant par Oued
Zargoun, M’heyguen, Tadjrouna et Lalmaya. En 1865, il retourna à
Ouargla en compagnie de Si Laala, se rendit à El Goléa et Ain Salah pour
mobiliser les gens et étendit son action jusqu'à Aïn Madhi qui
résistait toujours aux coups de butoir de l’armée coloniale
Commentaire n°1 posté par Amine Lotfi aujourd'hui à 17h03